L'un des côtés les plus appréciés des lecteurs de Fantasy est la capacité qu'a l'auteur de construire un univers cohérent, riche et attirant. Ici, on pourrait parler d'échec, car ce que nous propose Morgan Rhodes ne correspond pas aux impératifs du genre, même si on est clairement dans une tranche de lecture "jeunes".
L'univers se réduit à quelques concepts : pauvreté/richesse, décadence/intransigeance, urbanité/rusticisme,... On ne découvre le monde que par quelques vignettes, comme de courtes plongées, qui peuvent nous laisser sur notre faim.
J'ai dit "on pourrait parler d'échec". Je me permets ici une courte comparaison sur le sujet du monde détaillé pour vous faire comprendre mon ambivalence : dans les œuvres de Shakespeare, l'action se concentre toujours sur quelques personnages iconiques, qui font office à eux-mêmes de décor, et le reste des localisations ou savoirs objectifs sur le monde n'a que peu de relief ou d'importance. Est-ce que cela fait des pièces de ce vieux Will un travail inachevé, bâclé ? Non. Il s'agit de choisir un mode de narration et de s'y tenir.
L'énergie que Morgan Rhodes n'a pas dépensé dans l'univers, elle l'utilise dans ses relations entre personnages. Non pas pour en faire de mini-romans biographiques sur pied. Non, on reste dans l'économie et l'efficacité. Un rythme soutenu, des dilemmes cruels, des fins tragiques, la mécanique est, bien que parfois ténue, bien huilée.
On ne tient pas là le roman de la décennie, mais on ne peut s'empêcher d'en tourner les pages, pour savoir si les héros, qui sont en eux-mêmes les royaumes, les Puissances, s'en sortiront ou mourront (voire pire). Amours tragiques, fins ignominieuses, intrigues sanglantes, innocents sacrifiés, rien ne sera épargné !
Un grand merci à l'éditeur en tout cas de me l'avoir fait découvrir !
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